Presses Universitaires de Strasbourg, 2000. Travaux du CERIT. 4.
Auteurs : Claude COULOT, René HEYER
Que se passe-t-il quand on passe d’un texte biblique à une image qui le représente visuellement ? Quels effets spécifiques produisent ces images, par rapport au texte lu ou entendu ? Qu’induisent-elles ? Comment se situent-elles par rapport à un contexte double : la référence biblique (avec son imaginaire propre), mais aussi les conditions historiques et culturelles de production de ces images ?
Telles sont quelques unes des questions sur ces „images en effet” soulevées par ce livre, qui est le compte rendu de travaux et débats d’un groupe interdisciplinaire (CERIT) de la faculté de théologie catholique de Strasbourg. La conviction commune, partagée par l’ensemble des 9 contributions, est que même quand elle se trouve dans une logique d’illustration, donc dans un rapport de dépendance et de soumission par rapport au texte qui est la source première, l’image acquiert un statut spécifique, revendique un langage propre. Méthodologiquement, les contributions partent du fait que pour comprendre le langage des images, il faut non les actualiser mais les mettre à distance, accepter le long „détour par la constitution patiente d’une langue des images, avec son répertoire lexical et sa syntaxe” (p.10).
Les contributions couvrent plus de deux millénaires, du judaïsme tardif (2 contributions) au 20e siècle (2 contributions). Particulièrement fouillée est l’étude de F. Boespflug sur l’étude de l’iconographie de Jésus à Gethsémani à partir de deux manuscrits de la Bible moralisée au 13e siècle (pp. 69-93). Particulièrement inspirant - et utile pour la catéchèse actuelle - est le récit de Pierre-Marie Beaude, sur son travail avec des illustrateurs et graphistes ayant abouti à la publication de nombreux livres bibliques illustrés pour enfants ; il pose quelques règles simples de la création artistique en catéchèse : „déformer le monde pour lui donner un vrai visage” (anamorphose) ; opérer avec la magie de l’imaginaire enfantin” etc.. (pp. 207-221). Une étude historique de A. Roy sur l’iconographie des catéchismes catholiques de la première moitié du 20e siècle nous montre que l’antiprotestantisme et l’idée d’un catholicisme triomphant étaient bien visuellement présents...jusqu’en 1938 (cf. p. 149) !
Je me serai personnellement passé de l’étude sur le suaire de Turin (pp. 221-246), qui me semble ici déplacée et de surcroît de peu d’intérêt (elle ne mentionne pas l’important et récent ouvrage d’Odile Cellier sur la question). Mais l’ensemble est de qualité, même si on a conscience qu’avec ce thème, on est dans un chantier en pleine élaboration et évolution.