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Bibliothèque (1990-2022)

Rembrandt et la figure du Christ

(Catalogue de l’exposition du Louvre, avr.-juillet 2011)

auteurs : Lloyd DEWITT, Blaise DUCROS, Georges S. KEYES (éds.)

Impressionnant catalogue de la très belle exposition sur "Rembrandt et le visage du Christ", qui fut présentée au musée du Louvre à Paris en été 2011, puis au Philadelphia Museum of Art à Philadelphie, et au Detroit Institute of Arts à Detroit.

jeunes visiteurs devant les Christs
de Rembrandt. Exposition au Louvre, été 2011.

L’hypothèse est que Rembrandt a totalement renouvelé l’iconographie du visage du Christ, en proposant un double regard, à la fois personnel et protestant sur le visage du Christ (article de Llyod Dewit : "La tradition à l’épreuve de la nature. Rembrandt et son image radicalement neuve du Christ). Il se serait inspiré du visage particulièrement "christique" d’un jeune homme d’Amsterdam, afin de représenter le Christ "d’après nature". Fini donc les représentations idéalisées ou stéréotypées du Christ. On a Christ qui est à la fois un vrai portrait d’un vrai humain.

Cette thèse est évidemment appuyée par des "preuves" iconographiques (des dessins et esquisses du modèle en question). Elle a aussi pour elle le fait que Rembrandt est un véritable portraitiste, doublé d’un auto-portraitiste prolixe. On l’imagine mal représenter un visage qui ne soit pas également le portrait de quelqu’un qu’il a vu, qu’il connaît et dont il a soigneusement scruté les traits. On s’étonnera juste du fait que - en tous cas pour le signataire de cette rubrique - les portraits des Christs de Rembrandt semblent toutefois assez fidèles à la tradition iconographique (si on les compare avec les portraits du Christ de l’époque moderne et contemporaine).

L’exposition réunit - et pour la première fois - une quantité impressionnante de visages et portraits du Christ, réalisés soit à l’huile, soit en gravure, soit à la plume. C’était pour lui une véritable passion. Les organisateurs de l’exposition - et rédacteurs du catalogue - insistent sur le fait que Rembrandt lisait et connaissait bien la Bible, et qu’il le faisait dans la tradition du calvinisme néerlandais (avec lequel il a eu par ailleurs pas mal d’ennuis).

Le catalogue va bien au-delà de l’exposition, dans la mesure où il présente des approches très approfondies de thématiques particulières autour de la représentation du Christ de Rembrandt, comme par ex. "L’Orient et le renouvellement de l’iconographie christique chez Rembrandt" (Blaise Ducros), ou encore un examen technique des têtes du Christ (Mark Tucker, L. Dewitt, Ken Sutherland).

D’autres articles sont à teneur plus générale, et décrivent l’ambiance culturelle, artistique et religieuse à Amsterdam à l’époque de Rembrandt, tout en proposant un regard introspective dans la vie et l’œuvre du peintre (articles de Georges S. Keyes, Larry Silver et Shelley Perlove).

Jérôme Cottin