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Bibliothèque (1990-2022)

Revue Zodiaque

n°1 : Le regard, avril 1998, n°2 : Apocalypses, octobre 1998 ; n°3 : L’ombre, avril 1999

Auteurs : Editions Zodiaque

Cette nouvelle Collection des éditions Zodiaque, connues pour leurs publications de qualité sur les régions romanes d’Europe, s’inscrit dans un double projet, culturel et artistique d’une part, spirituel et religieux d’autre part. Il s’agit en effet d’abord d’apprendre « à regarder et à entendre les images », en les inscrivant dans tous les registres artistiques possibles : peinture, sculpture, photographie, bande dessinée, architecture, cinéma ainsi que les différents moyens audiovisuels de notre modernité ; il s’agit ensuite « de réapprendre à regarder autrement » ces images, « en donnant les fondements d’une critique des images d’aujourd’hui qui soit au service d’une quête renouvelée de l’Homme ». Pour cette dernière visée, les différentes disciplines des sciences humaines sont sollicitées, y compris - on n’attendait rien de moins de la part de moines bénédictins - la théologie.

Il ne s’agit toutefois pas d’un projet théologique ni même d’une nouvelle revue d’art sacré, mais d’un essai de faire se dialoguer et se rencontrer la Parole et les images, la théologie et le monde, l’Ecriture et la culture.

Les différents numéros de ce que l’on hésite à qualifier de revue - il s’agit plutôt de différents ouvrages d’art qui s’inscrivent dans un projet global - sont donc autant des livres à regarder qu’à lire. De fait l’image prend une place prépondérante, mais les textes sont également très travaillés. Le théologien sera surtout attentif au N°2 « Apocalypses », ouvert à deux contributions théologiques : celle de H. Mottu sur « les manuscrits des Beatus : témoins de l’humanité de Dieu » et la mienne sur « l’Apocalypse de Dürer : une grande oeuvre visionnaire ». On regrettera que le n°3 sur « L’ombre » n’ait pas fait place à une contribution théologique, tellement ce concept plastique de l’ombre trouve des résonances dans des thèmes centraux de la Bible comme : la croix, la kénose, le mal, la solitude, l’humanité sans Dieu, mais aussi, positivement : l’incarnation, le salut, Dieu etc...

Sans vouloir faire de l’apologétique, je voudrais souligner la démarche « protestante » de cette collection, qui vise à la fois à construire et à déconstruire les images en vue « d’une éducation du regard qui sache redécouvrir la nécessité de contempler l’image jusqu’à son au-delà pour voir ce qui s’y révèle enfin ». N’est-ce pas là une manière de faire advenir la Parole, non comme un discours parmi tant d’autres, mais comme le lieu d’une expérience spirituelle, articulée à la fois à l’au-delà de Dieu et à l’ici-bas l’homme ?

A l’heure où le protestantisme découvre qu’il n’est pas forcément iconoclaste, ou que s’il l’est, il peut l’être de manière à permettre d’accueillir l’image comme une forme de Parole possible pour le monde d’aujourd’hui, je ne saurai que trop conseiller de s’abonner à cette nouvelle revue d’art et de spiritualité.